Alors voilà, c'est décidé, ce sera le Japon.
Depuis bien longtemps nous prévoyions, au printemps 2007, de repartir en voyage – dès que j'aurais retrouvé la forme nécessaire – comme nous l’avons souvent fait par le passé
Pourtant le Japon était loin de tenir la corde avant le dernier virage.
Nous avions évoqué plusieurs des pays qui nous tiennent à coeur.
L’Inde bien sûr, le second pays de Mary-Françoise, le Vietnam, où le centre du pays nous reste à explorer et où j'aurais volontiers refait un petit tour dans le delta du Mékong, ou encore le Laos, pour nous jusque là inconnu, mais qui nous attire tant.
Et puis le hasard a fait les choses.
Nous avons appris que Noelli et Bernard, deux vieux amis – grands voyageurs s’il en est – venait de faire un voyage organisé au Japon.
Nous n'aimons guère les voyages organisés !
Le seul que nous avons effectué ensemble est celui qui nous a mené dans les gorges du Mékong, avant que le grand barrage de Chine n'en inonde les berges. Nous n'avons été déçus, ni par les paysages, ni par les Chinois. Nous avons été déçus par le forme du voyage et par ses contraintes. La nécessité de résider dans des hôtels 5 étoiles où le seul natif du pays est celui qui vous ouvre la porte à l'entrée. Le bus qu'il faut prendre à 7 heures du matin, pour un long trajet, le plus souvent sans grand intérêt, alors que nous aurions aimé nous attarder un peu pour flâner dans le petit marché entrevu la veille. Les incontournables boutiques, bien organisées pour le « plumage » du tourisme de masse. Les compagnons de voyage qu’il faut rameuter alors qu’ils se font expliquer pour la 6éme fois tout l'intérêt des perles de culture, de la soie grège naturelle ou de cette magnifique petite corbeille dont ils trouveront plusieurs centaines exemplaires, à moins cher, à leur retour, chez « Casa ».
Nous nous étions résignés à visiter le Japon, un de ses jours, dans les mêmes conditions et pour les mêmes raisons, au premier rang desquels figure une langue incompréhensible pour l'occidental et une écriture pour le moins ésotériques.
C'est alors que j'ai consulté les forums du routard et de « forum voyage » où de nombreux voyageurs racontaient leur récent voyage au Japon.
J'ai eu alors la surprise de constater que, vu de l'extérieur, ce pays semblait difficilement accessible, mais que les voyageurs qui en revenaient en avait une toute autre vision : accueil chaleureux, population sympathique souvent anglophone et toujours prête à rendre service au voyageur en perdition, surtout s’il est Français (ne sommes-nous pas les compatriotes de Mireille Mathieu et d'Alain Delon), transports en commun nombreux et parfaite sécurité.
Restait la question du prix.
Le Japon est réputé pour être un pays très cher. Ce qui explique que les circuits organisées pour cette destination sont relativement onéreux, surtout pour des gens comme nous qui n'acceptons un voyage aussi lointain que si nous devons y rester au moins trois semaines.
Pourtant c'était un pays pour nous très attirant.
Pour Marie-Françoise c’est la littérature japonaise avec Mishima ou Kawabata. Au point que j'avais dû me résigner à lire, après de nombreuses sollicitations, « les belles endormies » sous peine de passer pour le dernier des incultes. Pour moi c’est sans doute la fréquentation des dojos, pendant mes années d’étudiant et surtout le souvenir du contact avec Me Awasu lors d’un stage d’été. Je conserve quelque part la petite carte, écrite en Japonais, sur lequel il avait marqué une phrase dont j'ignore encore la signification. J’en vois qui sourient de mon côté nostalgique...
Une prospection par Internet me confirma que, si le prix du billet d'avion ne diffère en rien de celui d'un vol vers le Vietnam ou le Cambodge, le prix des hôtels par contre apparaît, à première vue, comme prohibitif. Pourtant en creusant bien, je me suis aperçu qu'on pouvait parfaitement loger dans des Ryokans sortes de pension de famille à la japonaise, qui non seulement offrirait l'intérêt d'un contact plus étroit avec la population mais aussi celui d’un prix... plus léger.
J'ai donc fait et refait les calculs et me suis aperçu que la chose était parfaitement jouable.
Après un grand conseil, un soir après dîner, la décision était prise.
Quelque clics de souris et un jet de carte bancaire plus tard, j'avais trouvé pour 899 € par personne un aller-retour Marseille-Tokyo et – cerise sur le gâteau – par la compagnie Air France.
Le lendemain je recevais l’e-ticket – par courriel – confirmant que nous décollerons de Marseille le 3 mai 2007 à 10 h 50 au terminal 4, arrivée Paris Charles-de-Gaulle à 12 h 20, envol vers Tokyo à 13 h 15 et arrivée à l'aéroport Narita-Tokyo à 7h 55 le lendemain matin.
C'est ce qu'on appelle un point de non-retour.
Dans quelques mois - si tout va bien - nous serons dans le bain. Dans un bain japonais (o-furo) bien sûr!
Jean