Nous venons d’arriver à Aphrodisia. Nous ne sommes pas encore en mesure de vous faire savoir si l’air a un effet aphrodisiaque et d’ailleurs, cela ne vous regarde pas.
Nous avons donc quitté la région de Bodrum pour Marmaris et la péninsule de Datça.
Marmaris est un joli port, très touristique, mais qui conserve un quartier d’anciennes maisons grecques.
Pour visiter la ville, comme à notre habitude, après avoir garé le camping-car dans un endroit accueillant nous avons pris nos vélos. Mischka est installée dans le porte-bagages de Mary-Françoise…
…ou court à côté d’elle pour se dégourdir les pattes.
Le problème ensuite est de pouvoir avancer.
En effet tous les 20 mètres en moyenne nous sommes arrêtés par des exclamations qui vont de « oh ! Le joli petit chien » à « quelle est sa race…, son âge…, son nom » en passant par des « Ouaah Ouah », « tsiii, tsiii » et autres onomatopées, ceci dans toutes les langues possibles sans qu’il soit besoin pour le comprendre de faire appel à un interprète.
La péninsule de Datça peut se résumer ainsi : magnifiques paysages et miel à tous les virages.
Magnifiques paysages, car la route suit la crête de la péninsule et présente donc d’immenses points de vue sur la mer.
Miel à tous les virages, car les apiculteurs ont colonisé les morceaux de l’ancienne route et y ont déposé des milliers de ruches dont ils vendent la production au bord de la route.
Comme nous pensons que le devoir du touriste est d’aider par ses achats le petit commerce et la production familiale, plutôt que d’engraisser les boutiques des lieux touristiques, nous avons acquis diverses sortes de miels (pin, orangers, origan) sans compter une sorte de marmelade fabriquée à partir de gros haricots noirs que nous n’avons pas encore osé goûter…
Nous avions trouvé, non loin de Datça, un bivouac parfait…
…mais le problème de l’itinéraire futur n’était pas résolu (devions nous continuer à suivre la côte ou faire un crochet par Aprodisia, Hiérapolis et Purmakkale?).
Alors, suivant le bon vieux principe des paresseux chroniques (il ne faut jamais faire le jour même ce qui peut être remis au lendemain) et sachant que, parait-il, la nuit porte conseil, nous avons décrété un jour de repos. Comme au tour de France.
Effectivement au réveil la décision était prise : nous allions attaquer une étape de montagne.
En attendant nous sommes allés dire un petit bonjour aux moulins à vents anciens et modernes qui cohabitent sans provoquer de manifestations protestataires.
Ici les vieux moulins aux ailes immobiles
Contemplent dans le soir leurs lointains descendants
Brillants, silencieux, élégants et graciles
Qui brassent doucement l’air de pins odorants.
(on dirait du Victor Hugo. Non ? Bon, je ne recommencerai pas, promis)
Aujourd’hui, 5 heures de routes tortueuses nous ont amenées à Aphrodisia que nous visiterons demain.
Sur ce parcours montagneux, les cultures prédominantes sont le tabac et surtout poivrons et piments mis à sécher en guirlandes tout au long de la route.
Nous avons acheté à cette dame une sorte de mélange piment / poivrons séchés / huile d’olive que nous venons de tester sur une salade de tomate. Délicieux.
Le 12 octobre 2009.
Hier nous avons visité Aphrodisia. Site très étendu qui nous a demandé la matinée.
Deux éléments sortent de l’ordinaire de ce type de visite : L’arc d’Hadrien (encore lui) …
… et le champs de course.
Il est décrit par le guide comme le mieux conservé et l’un des plus grand du monde. Ces descriptions ne sont pas usurpées et nous l’avons trouvé très impressionnant.
L’après-midi nous sommes repartis vers Hiérapolis. N’ayant pas l’intention de visiter le soir même, nous avons cherché un bivouac. Apres avoir échappé aux rabatteurs qui voulaient nous parquer dans des campings, nous avons pris la route de la montagne pour chercher un lieu surplombant le site. Naviguant au radar d’inspiration, nous nous sommes engagés dans un chemin de terre qui nous semblait descendre dans la bonne direction en nous demandant à chaque virage : « pourrons nous remonter si le chemin ne mène nulle part » ?
Enfin nous avons trouvé une place avec vue imprenable.
Au matin après un petit déjeuné reconstituant, nous avons décidé de poursuivre la descente plutôt que de rebrousser chemin. Quelques kilomètres plus loin nous débouchions à l’intérieur du site juste contre l’un des monuments. La guide qui pilotait un groupe de touristes matinal à failli laisser tomber son drapeau et le garde du parking a fait des yeux ronds en nous voyant arriver vers la barrière dans le mauvais sens. En langage des signes, il a fallu lui expliquer que nous étions passés par la montagne et en souriant gentiment il nous a ouvert la barrière.
La visite elle-même se distingue par un théâtre presque entièrement restauré…
…et surtout la présence de sources, dont l’eau en émergeant perd son dioxyde de carbone (tant pis pour l’effet de serre) et laisse des dépôts de carbonate de calcium qui forment des vasques blanches fort élégantes.
Les anciens et les modernes ont évidemment trouvé à cette eau des propriétés curatives quasi universelles.
On est étonné de ne pas y voir figurer le cancer et le sida.
Les amateurs peuvent, moyennant finance quand même, se baigner dans l’eau miraculeuse.
On en voit même qui remplissent des bouteilles pour poursuivre le traitement à domicile. On se croirait à Lourdes !
Revigorés par la seule vue de ce breuvage magique, nous avons repris la route pour rallier Antalya où nous stationnons ce soir en bord de mer.